Hommage à Bachir Hadj Ali

Publié le par Moubadara24fevrier

L’œuvre littéraire de Bachir Hadj Ali appartient à cette veine populaire ardente et baignée de ce refus de se soumettre, de se résigner face aux injustices, aux diktats de tout poil.

Tenter de circonscrire un parcours dense et foisonnant, où l’action militante au service des causes justes et légitimes s’accouple à une vaste œuvre de réflexion, de contributions littéraires et poétiques n’est pas chose aisée.
L’exercice a ses contraintes et il se refuse obstinément à se laisser prendre dans les rets des condensés lapidaires, les limites objectives des exposés sommaires en dépit de la bonne volonté des conférenciers, leur envie d’en fournir davantage à propos d’un homme de culture authentique, un poète prolifique, un responsable politique qui ne s’était jamais dérobé à ses principes, à ses convictions profondes, sa fidélité envers son parti. Par conséquent, évoquer la mémoire de Bachir Hadj Ali, en retracer l’itinéraire avec le maximum d’exactitude et de précision sans tomber dans les travers de l’encensement, devient une gageure, une performance. Mohamed Rebah, ancien militant de la lutte de libération, chercheur passionné et méticuleux,  s’est volontiers, astreint à la tâche en compagnie de Rachid Mokhtari, essayiste, universitaire et spécialiste de la critique littéraire devant un par terre de moudjahidine, d’anciens camarades du disparu, de jeunes  gens et de simples citoyens venus assister à l’hommage à la fois sobre et fructueux, dans une atmosphère de retrouvailles chaleureuses, d’ échanges, de débats autour d’un personnage  dont l’œuvre, le parcours révolutionnaire, l’attachement à son peuple à ses combats ne souffrent d’aucune ambiguïté.
La salle Mohamed-Zinet de Riyad El Feth a été le lieu où les témoignages ont été livrés parfois sans concession mais toujours avec le souci constant de coller aux faits historiques. Mohamed Rebah a dans son intervention, démêlé le fil conducteur du parcours de Bachir Hadj Ali, un natif de la Casbah d’Alger qui s’est engagé à un âge précoce au sein du Parti communiste algérien (PCA) pour en gravir les échelons de la responsabilité politique. Bachir Hadj Ali a fait preuve d’engagement indéfectible tout au long de sa vie de militant mais aussi d’un sens critique à l’égard de son parti quand cela était nécessaire. Le militantisme n’a de sens véritable que s’il consent à garder en permanence le cap, à ne jamais dévier de la ligne générale.
Selon les propos de Mohamed Rebah,  il y a deux aspects fondamentaux à retenir.
Bachir Hadj Ali s’est investi pleinement lorsqu’il s’était agi de redresser le parti communiste algérien notamment pendant la période qui s’est étalée de 1946 à 1951 et il s’était également acquitté de sa mission quand il a fallu organiser l’entrée des communistes algériens aux côtés du FLN dans le cadre de la lutte armée pour l’indépendance du pays.
Bachir Hadj Ali a subi l’arbitraire à cause de ses divergences profondes avec le régime de Boumediene. Il mourut en 1991, des suites d’une longue maladie.
Le fondateur du PAGS, le dissident entré en lutte dans l’organisation de la fameuse ORP, est également un poète fécond, un analyste politique lucide et averti, un musicologue pétri jusqu’à la plante des pieds par le patrimoine culturel national.C’est ce qu’a tenté de démontrer Rachid Mokhtari.
L’œuvre littéraire de Bachir Hadj Ali appartient à cette veine populaire ardente et baignée de ce refus de se soumettre, de se résigner face aux injustices, aux diktats de tout poil.
Elle est empreinte d’espoir, de tolérance, de questionnements actuels.  Comme l’a judicieusement rappelé Yacine Teguia, en guise d’introduction à cet hommage rendu au défunt, il y a lieu de veiller à transmettre aux générations montantes, le legs fertile de ce militant, non pas pour tisonner les réminiscences ou réveiller les vieux démons mais de restituer à sa juste place les contributions plurielles de cet intellectuel engagé.
Mohamed Bouraib
EL MOUDJAHID

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