LAMBESE : le bagne de l’indicible barbarie

Publié le par Moubadara24fevrier

 


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LE RECIT BOULEVERSANT DE BOUALEM MAKOUF*

Mr BOUALEM MAKOUF nous refait visiter LAMBESE la résistante entre 1956 et 1961, dans un livre paru en novembre2011  aux éditions INAS ALGERIE (Après une 1ère édition par BOUCHENE, PARIS, 2010) intitulé «LAMBESE LE BAGNE DE L’INDECIBLE BARBARIE », préfacé par MOHAMED HARBI.

Dans un style très poétique Mr BOUALEM MAKOUF nous dresse d’emblée une fresque de douleurs et de résistance, d’une barbarie inhumaine pratiquée par la force colonialiste française, par un personnel pénitencier tout désigné pour mater la rébellion d’un peuple, briser son moral et détruire son identité !

Il nous dira dans le préambule « qu’à LAMBESE, comme ailleurs, ce système carcéral était le prolongement du front de guerre avec d’autres moyens mais pour le même objectif : venir à bout de la guerre de libération entreprise par le peuple algérien »

Sont décrites les petites et les grandes actions des détenus, comment agir et rester unis car « de temps en temps surtout chez les militants âgés ressurgissaient, la méfiance, les sectarismes, le régionalisme, et les préjugés  ».  A ce moment HADJ BEN ALLA**, son compagnon de détention qui coordonnait l’activité des détenus avec l’extérieur intervenait pour remettre de l’ordre » « libre à tous  de discuter, de revenir sur tel ou tel aspect de l’histoire du mouvement national, mais dans le respect des uns et des autres, toujours, et dans touts les cas en ayant le souci de notre unité »

Il décrit « comment  le jour de l’Aïd Seghir de 1959 allait constituer une étape importante de notre vie à LAMBESE, CHEIKH AHMED HAMMANI*** officiait la prière de l’aïd pour la première fois  collectivement et avec force nous allions le  commémorer, et  réaffirmer notre identité »

Le train où nous embarque BOUALEM MAKOUF est celui des résistants qui n’ont jamais plié contre le désordre colonial, il nous décrit les petites actions de revendications ! Comment se répercutent sur les détenus toutes les transformations de l’extérieur et l’évolution du rapport de force  à travers le combat mené par l’ALN-FLN!

Ce train où les gares sont gommées ou seules les escales menottes aux points sont comptées, ce train qui a traversé la méditerranée et pris les airs pour atterrir a BOUFARIK

Pour humer l’air de la liberté ! De l’indépendance !

Que de supplices subis ! Que de tortures, que de mitards ! Que de martyrs sacrifiés en cours de routes sur ses rails !

Dans la cour de Lambèse les prisonniers admiraient le vol des cigognes. Elles représentaient pour eux la liberté, après avoir niché sur les murs de la prison. Elles reprenaient leur vol et à chaque saison c’était le même rituel !

Les prisonniers rêvaient de voler un jour comme les cigognes !

Le livre de BOUALEM MAKOUF mérite d’être offert aux jeunes lycéens et étudiants d’ALGERIE !

Pour découvrir un témoignage vivant de la lutte unitaire de notre peuple et pour honorer le combat victorieux de ces hommes modestes et valeureux. Pour montrer les multiples formes de la résistance anticoloniale !

Mr MOHAMED HARBI, toujours aussi alerte, conclue ainsi la  préface  du livre :

"Aujourd’hui, après des années d’exil, loin des séductions qui accompagnent le pouvoir et de la précarité qui le menace, MAKOUF nous fait revivre « l’émotion sublime », qui dans la résistance a fait frissonner les militants de l’indépendance. Il reste à espérer que riche d’une expérience nationale et internationale, il ne s'arrêtera pas en si bon chemin car la révolution anticoloniale n’est pas ce que les acteurs imaginaient. Ce qui en est résulté, ce n’est pas une société civile à laquelle se subordonnerait l’état, mais une société de classes avec ses dominants et dominés dont on entend journellement les gémissements. Mais désormais l’étranger n’est plus en Algérie et la partition est exécutée par des nationaux"

L’hiver colonial était dur et au retour du bagne ce fut le printemps, l’espoir... puis l’exil et le retour pour nous décrire ce joli vol des cigognes.

Laissons à MR BOUALEM MAKOUF ce mot de la fin !

 

 "Les rangs se resserrent ……….il faut continuer à marcher sur le chemin de la vie……les cigognes volent toujours dans le ciel bleu. Elles dessinent le printemps après l’hiver".

 FATEH AGRANE, 18 11 2011

*BOUALEM MAKOUF :né a ALGER le 11 février 1936.membre du P.C.A et des C.D.L et collaborateur au journal ALGER RÉPUBLICAIN , il milita dans les groupes armés du FLN et fut emprisonné de 1956 a l’indépendance, en 1962.ilfut membre du secrétariat national de J .F .L .N et directeur de l’hebdomadaire jeunesse jusqu'à SON arrestation a la suite du coup d’état du 19 juin 1965

**HADJ BEN ALLA : compagnon de détention a LAMBESE  de BOUALEM MAKOUF, colonel de la wilaya 5, membre du CNRA, membre du bureau politique du FLN ; présidente de l’assemblée nationale. Avant son arrestation le 19 juin 1965.

*** CHIKH AHMED HAMMANI : compagnon de détention a LAMBESE de BOUALEM MAKOUF, imam de la prison, issu de l’association des oulémas, président du conseil supérieur islamique 

 

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